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Retour aux hymnes
En ce jour de fête nationale belge, laquelle prend une direction toute autre de celle de la France, nous prenons le temps, avec STATISTA de revoir la place de ce symbole, lié à l'histoire, construit parfois de toute pièce pour légitimer une indépendance, ou le chemin vers celle-ci. Alors que le "tragique" fait son retour dans le continent des "dividendes de la paix", petit tour d'horion européen pour voir que finalement, elles ne sont pas bien gênantes pour notre coopération...
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Franck JACQUET
7/21/20258 min lire


Après l'Eurovision...
En ce jour de fête nationale belge, laquelle prend une direction toute autre de celle de la France, nous prenons le temps, avec STATISTA de revoir la place de ce symbole, lié à l'histoire, construit parfois de toute pièce pour légitimer une indépendance, ou le chemin vers celle-ci. Alors que le "tragique" fait son retour dans le continent des "dividendes de la paix", petit tour d'horion européen pour voir que finalement, elles ne sont pas bien gênantes pour notre coopération... On reste loin du concours Eurosong Contest Festival soit l'Eurovision dont l'édition de mai a battu des records d'audience, avec +12% de spectateurs et d'auditeurs (toutes plateformes et tous supports confondus), encore que...
L'hymne, indispensable dans la panoplie de la souveraineté
En fait, comme le drapeau, des personnages, des événements, l'hymne national est à partir de la période moderne et surtout avec l'époque révolutionnaire puis la décolonisation (surtout hors d'Europe), un moment de constituer un "pack minimal" de connaissances pour le sujet devenant citoyen. L'Espagne, sans paroles, est l'un des rares cas où un chant nationaliste donc empêche par les mots (mais pas par les notes, les rythmes, les instruments...), la référence à tel ou tel événement fondateur.
A l'heure de la concurrence entre les nations pour s'approprier des artistes, des événements, et des territoires, l'hymne peut être un bon moyen pour mettre la main sur un géosymbole majeur. C'est un rôle essentiel comme le montre Anne-Marie Thiesse ans La création des identités nationales (1999), contre les velléités de conquête napoléonienne, contre le néoclassicisme à la française dont les normes envahissent ou dominent dans les Cours et les bourgeoisies parfois jusque dans les manières de servir à table. C'est plus philosophiquement un stop clair pour les projections cosmopolitiques kantiennes qui font florès au XVIIIe siècle. L'hymne doit : mobiliser, faire référence à ce qui identifie son porteur par rapport au reste u monde (lien à un géosymbole, récit mythifié, caractère dit ethnique"...).
Qui proclame quoi dans ces chants de mobilisation ?
La carte proposée par Statista reste généraliste :
Le cas français : il est vraiment très spécifique, lié a fait que l'Etat forge la nation et ce par les armes, avec la période révolutionnaire, et d'ailleurs on oublie souvent le second couplet où les références sont plus évidentes. Les paroles sont parmi les plus violentes et les plus directes es hymnes nationaux européens modernes. Elles choquent encore, mais en même temps les sondages témoignent du maintien d'un attachement à ces paroles, voire d'un raidissement selon certains sociologues dû aux tensions migratoires. Dès lors, le sang impur", faisant l'objet de tant d'interprétations contradictoires, ne pourra que prochainement aire l'objet de polémiques enflammées comme sait le faire un Etat-nation qui interdit un temps la reprise du chant par Y. Noah, pourtant héros national.
L'impact anti-français : clairement, la musique participe du débat public lors de la formation des identités nationales et même de leur diffusion dans l'opinion. Très clairement, face à la violence de la lutte révolutionnaire, ou après l'épisode hitlérien ou fasciste de certaines nations, on prend le parti de la célébration des paysages de montagne, d'un fleuve ou d'un géosymbole majeur. Le Danube est sans doute l'un des plus présents ici. Quelque part, il s'agit de mettre en avant une nature mythifiée dans le cadre d'un premier romantisme, lequel est érigé clairement et pleinement comme un contre-discours du classicisme des Français ! Evidemment, par rapport à un voisin ou un autre, c'est ici un moyen de revendiquer l'appartenance, ou du moins l'accès au Danube, à l'Iseran ou encore à telle forêt, tel canal ou tel cap. Il s'agit ici justifier par le chant.
Une désaffiliation vis-à-vis du religieux : le continent fut l'objet des guerres confessionnelles et de religion ce qui peut expliquer qu'après la dépatrimonialisation des autorités, on adopte des chants qui ne cherchent plus à aire référence à la croyance du souverain, car la diversité est plus grande dans une communauté ont on cherche à actualiser au quotidien l'appartenance (M. Billig parle de "banal nationalism"). Mais les tours de passe-passe existent. Clairement, dans le cas français, il est évident que la laïcité accompagnée de la déchristianisation ont empêché tout retour à des paroles faisant référence à l'ère du Roi Très Chrétien... Rappelons l'épisode de la Restauration ratée pour un drapeau blanc plutôt que bleu-blanc-rouge ! Dans l'Europe germanique et centrale surtout, l'absence de référence confessionnelle est claire : le souverain peut ne pas être issu de la confession dominante, ou alors assimiler la nationalité au protestantisme, au catholicisme ou à l'orthodoxie ne peut que rejeter en situation de minorité ceux qui ne correspondent pas. Parois même, c'est le Souverain lui-même qui n'est pas de la confession dominante, d'où le fait d'expurger le texte de sa présence (ex : Grèce, Roumanie...). Le poids communiste a enfin largement joué dans le flanc oriental de l'Europe. Chez les orthodoxes, la référence religieuse est complexe tant les indépendances se font sur lutte d'autocéphalie ! (Serbie, Slovaquie...). Enfin, l'Italie s'étant construit contre a volonté d'un Pape se jugeant enfermé dans le Vatican face au Risorgimento, et ce jusqu'aux Accords du Latran (1929), il semble difficile de donner une place au catholicisme.
Ce qu'on ne perçoit pas, c'est par exemple les dates qui montreraient à quel point les chants se répondent pour empêcher que l'un s'approprie l'univers danubien, l'autre le passage des fjords ou encore l'idée d'un communauté civique (sous-entendu l'héritage romain). Rappelons aussi que des paroles ont été adoptées pendant les derniers conflits (la France de "Maréchal, nous voilà" en est la caricature). Pensons aussi aux hymnes régionaux, d'Ecosse en Corse en passant par le chant de Chernivtsi pour les Roumains de... l'Ukraine actuelle. Bref, une carte ne peut tout rappeler, mais le choix de se limiter à ces figurés et à cette échelle sont signifiants et à prendre en compte.
Quel impact pour des rythmes et des paroles d'un autre temps ?
Indubitablement, comme dans le cadre de l'Euro, le recul des années nous permet de considérer à quel point le choix "englobant" (mais bien moins neutre que pour les billets !) de Beethoven et de a Neuvième est tout sauf sauf un marqueur d'appartenance à l'UE pour les Européens. Charpentier le dépasserait presque en termes de popularité ! Et ce alors que son nom est si peu partagé !
Alors qu'on pariait encore il a une génération sur un recul inévitable des hymnes nationaux, le contexte actuel favorise leur réaffirmation avec le retour des services civiques, militaires ou selon telle ou telle modalité face à la menace venue du Nord ! Postulons donc quelques idées majeures, à développer sans aucun doute dans le cadre de développement plus massifs, sur la place des hymnes nationaux dans les décennies à venir, notamment pour le cadre européen :
Le temps n'est plus aux projets de réécritures (pour moins de violence, plus de tolérance...) ; les sociétés se referment, le souhait de repères intergénérationnels redevient une attente essentielle compris dans les jeunes générations, encore plus si on regarde à l'Est !
L'hymne peut faire néanmoins l'objet d'adaptations mineures, avec un travail sur les rythmes et les intonations dans le jeu ou même la composition, pour "gagner en efficacité". La psychologie sociale a bien montré que l'invasion des écrans et des réseaux sociaux a été jusqu'à faire développer y compris par les sites et plateformes officielles des modalités pour une écoute complète mais plus rapide d'un chant ou d'un texte politique... (on multiplie généralement par 1,25 ou 1,5 la vitesse d'origine).
L'hymne reprend place dans bien des pans de la socialisation effectuée au sein de l'école, ou plus généralement pour les enfants, la France, la Belgique et jusque récemment la péninsule ibérique étant pour cet aspect des exceptions...
Il n'est plus question d'adapter les paroles, de les adoucir ou de les tordre. Chaque allusion spatiale peut rappeler la souveraineté (parois perdue, prenons le cas de la Crimée) au quotidien, et mobiliser ace à un ennemie en pleine résurgence, qu'il soit conçu à l'intérieur ou à l'extérieur. Les sportifs eux-mêmes, on le vit lors des JO mais pas seulement, doivent travailler cet aspect de leur monstration de leur éthique d'athlète. S'ils ne représentent pas un club, ils sont là pour être une incarnation de la nation : bien des polémiques éclatent lorsque tel footballeur, coureur ou tel lutteur refuse de proclamer "son" hymne.
C'est donc bien aussi par ce biais à un retour du fait national auquel on assiste avec la réaffirmation de ces chants et de leur pratique. Le débat au sein de l'Education nationale française est très rude pour imposer un apprentissage plus régulier et structurel chaque écolier, collégien ou lycéen. Certains prônent une tendance de fond observée depuis les années 2010 en Europe centrale et orientale : la cérémonie de montée du drapeau chaque matin, avec déclamation de la "Marseillaise". On le voit donc, l'hymne fait partie d'un tout, et dans le cas hexagonal est un autre moyen pour débattre d'une intégration qui aurait failli, les sillons abreuvés de "sang impur" pouvant mobiliser la jeunesse selon certains pour la détourner d'un sous-emploi chronique, d'une difficulté d'identification à la nation... Pour d'autres, il s'agit de rappeler une unité plus fragile, comme au Royaume-Uni post-Brexit et peut-être bientôt en France avec la Nouvelle-Calédonie tout juste en cours de processus d'érection en tant qu'Etat au sein de la nation.
Car à côté du chant "officiel", qu'est l'hymne, parfois s'impose un "hymne populaire", comme celui de 2022 : Stefania, du groupe ukrainien Kalush Orchestra, devenu depuis lors tout à la fois chant de résistance dans la plus pure tradition des minorités régionales linguistiques et ethniques, cri de protestation d'une nation écrasée par le voisin russe (en remplacement d'un hymne moins mobilisateur) et même, de par l'événement mais aussi par la manière dont est porté le thème de l'invasion, un texte à portée européenne pour rappeler les sacrifices et l'amour pour une mère (la mère patrie, mais pas seulement). Ajoutons que mai est le mois, pour bien des sociétés, de la fête des mères, que dans les six premiers mois de la guerre, le rapt d'enfants fut considérablement choquant pour l'opinion européenne, et par la mère, il s'agit de mettre en valeur la protection plutôt qu'une force viriliste portée au contraire par le néo tsarisme poutinien. Enfin, c'est le premier degré qui est valorisé, pas la blague qui fit plusieurs fois des flops retentissants pour la critique de la Russie dans un concours très diplomatique dans ses formes apparentes. Ainsi, après 2008, la chanson géorgienne "I want to Put in" fut exclue et le pays dût changer de représentant. La trajectoire du pas, depuis lors tombé dans l'escarcelle russe, montre à quel point la chanson mobilisant contre est peut-être moins utile que celle mobilisant "pour", ce qui es le cas de la Stefania où les accents nationalistes comme le thème du don de soi à la défense sont loin d'être absents !

Pourquoi conserve-t-on en France un certain dédain vis-à-vis du plus grand concours musical mondial ? Pourquoi un tel renouveau de l'Eurovision ? Comment comprendre la place de ce qui est désormais le 2nd ou 3e événement mondial le plus suivi chaque année ?
Les réponses dans notre dossier hebdomadaire sur les représentations affleurant dans les chansons et lors des concours depuis moins d'une génération !


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