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La médecine, une drôle d’histoire !
Les médecins sont réputés pour avoir une approche du corps… très liée à leur pratique : pas de « chichis » sur les sur les fluides, les détails scabreux ou pouvant dégoûter le chaland. Raphaël Camus, lui-même praticien, en fait chez Perrin une démonstration supplémentaire avec le très accessible, drôle et estival « Cinquante anecdotes sur l’histoire de la médecine ».
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Franck Jacquet
8/3/20257 min lire


Les médecins sont réputés pour avoir une approche du corps… très liée à leur pratique : pas de « chichis » sur les sur les fluides, les détails scabreux ou pouvant dégoûter le chaland. Raphaël Camus, lui-même praticien, en fait chez Perrin une démonstration supplémentaire avec le très accessible, drôle et estival « Cinquante anecdotes sur l’histoire de la médecine ».
Une approche classique chez l’éditeur, par la chronologie
L’avantage du médecin, une approche « clinique » et froide qui permet à chacun de se déterminer. Évidemment, c’est un peu simpliste, mais lorsqu’on cherche d’abord à se divertir plutôt qu’à approfondir, le recul critique et la contextualisation poussée peuvent bien attendre ou être réservés pour les spécialistes ! On peut regretter à quel point l’influence de la médecine finalement perpétuée du monde antique méditerranéen, transmise par les Arabes notamment (les Perses, les Indiens…), est sous-estimée alors qu’on éclaire de plus en plus son importance (Avicenne est tout de même présent, bien que très seul, lui qui œuvra au tournant du XIe et durant la première moitié de ce siècle).
Cela n’empêche nullement d’ailleurs le généraliste, issu des Hauts-de-France, d’aborder des thématiques d’actualité et pourtant pas si récentes : la gomme arabique ? Un spermicide qui permet d’éviter de tomber enceinte… et qui revient dans le débat… aux Etats-Unis post-révision de l’arrêt sur l’avortement ! Pourquoi les tableaux cliniques compliqués, malgré des sciences du vivant aujourd’hui bien développées ? En réalité les gênes s’imposent largement, et Toutankhamon en était un bel exemple, lui qui avait autant accès à plusieurs médecines de « pointe » qu’un patrimoine franchement lourd à porter (on sait désormais que la révolution monothéiste qui l’a autant porté que détruit, est aussi le fait d’une « folie » ses aïeux parmi d’autres éléments) !
Pourquoi Hippocrate tient-il aujourd’hui une telle place, au-delà de son serment ? L’auteur nous rappelle que parmi nos sources, il est celui qu’on a le plus conservé et qui révèle une rupture essentielle de son temps : face à un certain « désenchantement » du monde, à la confrontation entre croyances, les médecines se contredisent, et il est donc celui qui incarne pour nous encore cette volonté de sortir de l’unique pensée magique (en fait, c’est évidemment plus compliqué) pour dresser des cadres, des méthodes… qui ont fondé cet ordre encore si respecté des médecins. Pour rappel, notre pharmacopée est encore parfois héritée de l’Antiquité (prenons simplement la camomille, connue depuis les Celtes et même la Tène, par les druides pour ses effets antispasmodiques) !
Les autres ruptures majeures sont évoquées grâce à des personnes clés ou des lieux majeurs : le vaccin est là avec Pasteur ; Ambroise Paré qui apprend à ligaturer les vaisseaux et sauver les vie en stoppant les hémorragies multipliées par l’essor de l’artillerie lors des guerres d’Italie ; Flemming, et sa découverte appliquée avec la pénicilline, lui permettant le prix Nobel de 1945 de médecine alors même que cet agent biologique était mis en valeur par la recherche dès 1897 par Ernest Duhesme et John Tyndall (en fait l’aspirine bloqua ce développement du fait de son usage sur l’un des plus grands hémophiles de l’époque, l’héritier du Tsar Nicolas II, Alexandre)…
Parce qu’il faut bien se divertir, une belle galerie de personnages !
Mithridate VI du Pont Eupator est sans doute l’un de ceux qu’on préfère retenir : se son histoire vient le terme : « mithridatiser ». Ce roi hellénistique, ennemi proclamé de Rome, voyait bien que ses congénères étaient tous empoisonnés d’une manière ou d’une autre. Il a donc appris très tôt à absorber par petites touches, au quotidien, pour s’habituer et s’immuniser partiellement, de bien des poisons dont l’arsenic. Une dose mortelle pour beaucoup ne fut donc d’aucun effet sur lui à plusieurs reprises. L’auteur n’évoque pas l’usage religieux qui pouvait être fait d’une telle capacité de survie, « extraordinaire » !
La guerre biologique, souvent vue comme une nouveauté de la Grande Guerre (l’agent moutarde) ou de la Guerre du Golfe est en réalité très ancienne : à Caffa (en Crimée !), c’est bien en catapultant des cadavres porteurs de la Peste dans ce comptoir génois en 1346 qu’il fut finalement conquis : c’est par celui-ci que la pandémie gagna une Europe qui perdit entre un tiers et la moitié de sa population en une génération (et même 90% dans certaines zones de passage bien touchées !).
Les sorcières de Salem, l’une des persécutions les plus connues, est aussi une « panique sociale » liée au développement des modes médiatiques modernes, et pas simplement en 1693 et dans les années qui suivent un refus de voir les femmes s’émanciper. En fait, bien des anecdotes sur cette période sont pleine de drôlerie ! On croise aussi Louis XIV, si grand roi, fragilisé par sa fistule annale et mort de celle-ci, de ses saignées et en fait de tout puisqu’il pourrissait sur place (gangrène). Les saignées, alors si habituelles dans la panoplie des médecins classiques eurent d’ailleurs raison de Georges Washington après un prélèvement de… 4 litres !
Pour terminer… mais quelles utilités ?
Facile d’approche et de lecture, on goûte tout les avantages du regard (qu’on caricature parfois un peu ?) du médecin : le vivant est abordé par le goût, les senteurs, l’hygiène… que la médecine ne peut ignorer pour progresser. Une histoire par des faits concrets permet d’intéresser plus qu’à l’habitude, c’est évident et salutaire ! Ce n’est qu’à la toute fin de l’ouvrage qu’on aborde la question d’une solidarité nécessaire entre le vivant dans le cadre des écosystèmes pour empêcher le développement de pandémies, le maintien d’une certaine pharmacopée naturelle.
Les régimes alimentaires, les types de médecine, ce qui intéresse beaucoup aujourd’hui est au mieux évoqué. C’est dommage, mais ce n’est pas le propos. Alors retenons cette galerie de personnages dont on a appris, parfois à leurs dépens, à vivre plus longtemps.
Notons que l’ouvrage peut être fort utile pour les étudiants, lycéens et même pour certains concours (le vivant, le corps, des thèmes à la mode dans bien des épreuves de culture générale…).
On pourra retenir quelques cas intéressants pour la culture générale, les sciences du vivant et donc pour ceux qui s’intéressant aux affaires médicales, aussi bien d’ailleurs que pour le « vivant », thème de l’année au concours Sciences Po. On peut même penser à l’aménagement du territoire !
Un peu de culture médicale « scientifique », un bienfait dans une société assez ignorante…
On le sait peu, mais Raphaël Camus nous rappelle un point essentiel pour bien respecter le corps médical qu’on ignore tant ! Le fameux Caducée est souvent confondu avec le bâton d’Hermès : en fait, le « sceptre » d’Asclépios semble remplacé par le fameux Caducée parce qu’il fut choisi en 1902 par l’Army medical corps des Etats-Unis.
Autre élément d’analyse majeur, on comprend aussi à travers des anecdotes très concrètes ce qu’on commence à réellement enseigner dans les manuels, mais qu’on perçoit mal dans nos enseignements ou par l’organisation de notre pédagogie : avec ces cas précis, localisés, incarnés, on comprend mieux que parfois l’urgence et la peur, les croyances de manière générale se maintiennent à côté de pratiques modernes, rationnelles… La révolution scientifique et expérimentale des sciences de la modernité européenne qu’on a tendance à tant remettre en cause aujourd’hui pour de mauvaises raisons, a effectivement longtemps coexisté avec de vieilles croyances. La théorie des humeurs en est un bel exemple ! Comment conserver de telles « inepties » alors qu’on a déjà débuté les analyses des organes clés, qu’on connaît la circulation sanguine et qu’on dissèque.
Le vivant par le vivant !
L’ouvrage n’est pas là pour expliquer mais pour illustrer. On perçoit donc quelques grands tournants, mais on peut déplorer le fait qu’on ne comprenne pas certains de ceux-ci : le lien fait entre grands bassins bactériologiques et virus de l’Ancien et du Nouveau Monde ? Certains organismes microscopiques, avant de permettre à la médecine de progresser, sont d’abord des agents de modification profonde de la géographie du vivant dans l’espace mondial (avec d’autres causes). Bref, pas de « choc bactériologique » ici expliqué, quand bien même les manuels scolaires en font état aujourd’hui !
La difficulté de travailler sur du vivant est qu’il peut se rebiffer ! Certains furent donc bien malheureux dans leurs découvertes partielles, et n’eurent pas le temps de se perfectionner pour donner réellement à la médecine. Certains sont tombés ainsi dans la stratégie de l’échec : les premiers anesthésistes ont utilisé trop de gaz ou de mauvais gaz pour endormir, d’où la mort, alors que leur idée était valide dès le XIXe siècle en Angleterre (certains s’en suicidèrent !) ; les masques chirurgicaux furent utilisés pour empêcher l’essor de la grippe dite espagnole… alors même qu’elle se transmettait non par l’air mais par les gouttelettes d’eau surtout sur la peau…
Où sont les femmes ?
En réalité, elles sont présentes très tôt et partout. Le Care est loin d’être propre au XXe siècle ! Dès le VIe siècle après J-C, à Salerne, les femmes peuvent étudier et aussi prendre en compte un corps qui fonctionne différemment… Avec les croyances de l’époque.
Elles n’ont pas que des « sourires pleins de charme » ! En effet, Mme du Coudray qui enseigne le métier de sage-femme à près de 10.000 de ses collègues incarne très tôt une peur de la « dénatalité », débat qui commence à réellement poindre aujourd’hui d’une nouvelle manière et ce bien au-delà de la France. Évidemment, Raphaël Camus le signale, mais la sorcellerie est bien plus traitée chez des spécialistes (avec un certain biais trop peu souligné ?) comme Mona Chollet : il rappelle d’ailleurs que bien souvent, la sorcellerie mène à des accusations liées aux intoxications mortelles ou invalidantes plutôt qu’à l’invocation de forces occultes !
On ne peut nier la sous-représentation des femmes dans les saints guérisseurs notamment, mais comment oublier Hildegarde de Bingen, morte en 1179 et proclamée docteur de l’Église en 2012, dont l’aura a été incontestable et qui ne doit pas faire oublier par exemple Thérèse de Lisieux ou Catherine de Sienne.
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