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De Gaulle, grand parmi les Grands
Les éditions Perrin ont republié en juin (en poche, dans la collection « Tempus ») « De Gaulle et les grands ». Si en 2020 la Covid a peut-être laissé dans l’ombre l’ouvrage d’Éric Branca, spécialiste de notre tête de gondole « chauvino-cocardière », les événements ultérieurs ne font que nous rappeler combien la puissance française repose encore sur la politique de ce « Grand ».
ACTUALITÉS RELATIONS INTERNATIONALES - GÉOPOLITIQUECULTURE GÉNÉRALE HISTOIRE
Franck Jacquet
8/14/20257 min lire


Critique sur Cult.news
Quels usages pour les études, les concours... ?
De Gaulle et les grands est un très bon ouvrage de vulgarisation qui permet de remettre en perspective l’empreinte du dirigeant tutélaire de la France du XXe siècle. Il est aisé d’accès, surtout qu’il permet de prendre chaque personnage (sauf pour quelques cas) au travers d’un chapitre. On peut déplorer que des sources récentes soient un peu mésestimées (d’ailleurs, la section consacrée à David Ben Gourion dénote par l’ampleur des citations, celles d’un notamment d’un Shimon Peres qui fut de ses proches). En cette période de grandes négociations globales, le travail d’Éric Branca vient rappeler combien le terme France est encore approché au travers du personnage De Gaulle. C’est sans doute un atout, pour d’autres c’est peut-être un peu un symbole de l’absence de notre renouvellement !
Autre limite, cette difficulté que l’auteur mais que tous ont, toujours, à remettre en perspective De Gaulle dans « L’étrange défaite » de 1940. Oui, il fut celui qui avertit, perçut les nécessités de changements structurels pour l’armée de la nation… Mais il fut incapable de formuler ceci en des termes audibles, acceptables pour son époque, et à la fin des années 1960 il incarne littéralement une France en cours de disparition, changement générationnel oblige.
Notons que l’ouvrage peut être fort utile pour les étudiants, lycéens et même pour certains concours où l’histoire et la géopolitique du XXe siècle sont majeures (du Bac aux écoles de commerce via les sections ECG… ou même pour les questions sur l’Afrique et la décolonisation, très fréquentes dans les programmes et lettres de cadrage du moment).
Plus directement, en ce mitant du mois d’août alors que la Russie et les Etats-Unis se rencontrent, quel nouveau monde nous prépare-t-on ? Peut-on retrouver un De Gaulle ou affirmer une autre manière de s’affirmer alors que la Commission européenne échoue clairement en ces termes ?
Détaillons quelques cas pour pouvoir approfondir et se distinguer, Charles De Gaulle ayant incarné une charnière de l’histoire nationale. Étudiants (ou autres lecteurs…), sauf pour comprendre combien l’ombre portée du Général est encore majeure, passez vite l’Avant-propos !
Notons que l’ouvrage peut être fort utile pour les étudiants, lycéens et même pour certains concours où l’histoire et la géopolitique du XXe siècle sont majeures (du Bac aux écoles de commerce via les sections ECG… ou même pour les questions sur l’Afrique et la décolonisation, très fréquentes dans les programmes et lettres de cadrage du moment).
Plus directement, en ce mitant du mois d’août alors que la Russie et les Etats-Unis se rencontrent, quel nouveau monde nous prépare-t-on ? Peut-on retrouver un De Gaulle ou affirmer une autre manière de s’affirmer alors que la Commission européenne échoue clairement en ces termes ?
Une hagiographie ?
Qu’on se rassure, ce n’est pas le cas, mais on l’aura craint avec le début de l’ouvrage qui sonne comme une ode au « Grand Charles ». Sincèrement, on sait que l’admiration de l’auteur est présente. Mais elle est si sensible dans les premières pages… On se consolera en pensant qu’il incarne sa génération et une France qui est encore bien présente ou que d’ailleurs certains veulent conserver comme un Emmanuel Macron cherchant un nouveau sabre pour participer au 14 juillet dernier au ravivement de la Flamme… Soit…
Passons vite car De Gaulle est successivement Philippe le Bel, Louis XIV, Brennus, Vercingétorix, Napoléon… Alexandre le macédonien est même convoqué ! N’en jetez plus !
L’auteur souligne néanmoins dès cet avant-propos un militaire qui a décrit dès le milieu des années 1930 les nécessités d’une évolution de l’armée française avec la combinaison chars – aviation… Il est celui qui a choisi le non-alignement, mais toujours en étant fidèle envers l’alliance américaine, malgré les déboires qu’ils lui firent subir et des conditions internes pas toujours aisées (un PCF franchement problématique pour certaines de ses prises de position…). On ne peut le nier.
Il est enfin un Sphynx : il sait juger Paul Reynaud avant les autres, qu’il qualifie de faible, alors qu’il a compris comme lui qu’il faudrait continuer de lutter avec l’Empire, hors de l’Hexagone. Ce jugement doit être nuancé, mais il n’est pas sans fondement au vu des faits ! Paul Reynaud incarne la fin de la IIIe République quand De Gaulle incarne cette continuité républicaine et démocratique autour du grand effondrement ! Malgré quelques formules et ces pages de début un peu exagérées… on ne peut le nier ! « Ok boomer » ?
Au-delà de la blague, on peut réfléchir si le passage par les sources permet une crypto-hagiographie, les littéraires s’en soucieront, de la part de l’auteur…
Le cas Jean XXIII
Charles De Gaulle est catholique, et l’un des intérêts majeurs de l’ouvrage est de montrer le discernement que cet homme du XIXe siècle a su conserver entre sa foi et son rôle politique, que ce soit pendant la Seconde guerre Mondiale ou plus tard, après 1958 et son retour.
Le Te Deum de Paris est tout de même un fait marquant, mais il n’efface pas du tout ce que refuse de Gaulle : la période Pie XII et sa « tolérance » pour la politique allemande, des positions très fédéralistes pour une Europe anticommuniste…
Lorsque l’élection du Cardinal Roncalli survient, c’est une bonne surprise pour la France après la période Pie XII : assez « progressiste », ce nonce nommé fin 1944 pour remplacer un Valerio Valeri trop proche de l’Axe est en bonnes relations avec le Gouvernement provisoire. C’est logiquement donc que les relais français interviennent dans le Sacré Collège pour son élection (ce qui est rare depuis 1905). La très bonne relation ne se dément pas une fois Jean élu : malgré un court pontificat (il meurt d’un cancer en 1963), il est sur la même ligne que le Président français pour essayer de débloquer diplomatiquement le Monde entre les deux sphères d’influence, surtout il règle en interne la question de la guerre scolaire entre public et privé, vieille antienne française (Loi Debré du 31 décembre 1959).
Face aux Anglo-saxons
Il s’agit surtout de se positionner sur une vieille question de l’historiographie, qui refait surface avec l’agressivité poutinienne actuelle et les peurs sur la solidité de l’OTAN.
En fait, on le voit malgré des tensions tactiques ou stratégiques, des montées de ton avec W. Churchill, C. De Gaulle n’est pas un anti anglo-saxon, mais il s’appuie sur tout ce qui peut fortifier ses positions lorsqu’il est remis en cause, et surtout lorsque la France doit reculer. Alors qu’il n’est pas reconnu encore comme unique dirigeant de la France en 1944, il ne perd pas de temps en véhémence contre F. D. Roosevelt, il s’appuie sur De Lattre qui pousse au maximum à l’Est dans la désolation sans occupation laissée par les bombardements anglo-saxons… pour occuper du terrain et ainsi permettre à la France de fortifier une position fragile depuis Yalta (La France absente, seul l’Angleterre opta pour sa mise en avant comme vainqueur). Il reprend langue avec « Ike » pour s’affirmer comme un fidèle soutien… face aux soviétiques qui avancent tant et qui prennent les Balkans tandis que W. Churchill doit s’effacer : il profite de cette montée des tensions pour « s’imposer » comme l’un des vainqueurs et faire de la France un membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU nouvellement créée !
Il est tout aussi fidèle aux engagements de non-prolifération tout en conservant avec David Ben Gourion de bons rapports lorsqu’il fait cesser, à son retour au pouvoir en 1958, tout soutien à l’armement nucléaire d’Israël par la France (le programme, débuté en 1953, passant notamment par l’usine de Dimona, conserve tout de même sa dimension civile de coopération nucléaire, conformément aux échanges personnels entre les deux dirigeants).
Tito, une occasion ratée ?
Point de ratage du côté de De Gaulle. C’est Tito qui n’a pas su saisir l’importance du Français selon l’auteur.
Tito n’a jamais compris au fond la portée des Mémoires de guerre (T. 3) où il qualifie l’hitlérisme : « l’entreprise de Hitler fut surhumaine et inhumaine » (p. 94). En fait, le dirigeant yougoslave fait partie du totalitarisme et du refus du libre-arbitre individuel que son homologue ne veut jamais abdiquer.
Un chef de guérilla contre Hitler, souhaitant se positionner entre blocs, quoi de plus proche de De Gaulle ? En réalité, nulle entente possible : lé métallurgiste communiste est d’abord pour le Pacte germano-soviétique ; il participe de la déliquescence de l’État en jouant les pro-occupation contre Pierre II, en exil à Londres, soutenu sur le terrain par ls Tchetniks révoltés dirigés par Draza Mihailovic. Ce dernier, monarchiste, aide à la libération qui ne fut donc pas que l’objet de la résistance communiste. Mais cette dernière, dirigée par Tito, sut éliminer tout soutien extérieur aux monarchistes et aux modérés : W. Churchill céda, puis les autres et enfin De Gaulle, dernier à accepter de ne plus reconnaître un Mihailovic qui, traqué, finit par être exécuté en 1946 après un simulacre de procès. Peu après, dans une interview à un journal français, en 1949, il considère que les résistants français communistes auraient dû faire comme lui avec les autres groupes de la résistance (sous-entendu, en finir avec eux)…
Tito s’en trouve fort mal à l’aise après 1958, lorsque De Gaulle revient au pouvoir, devient l’un des tenants d’une forme de non-alignement (tournées dans les pays indépendants, notamment à Phnom-Penh, reconnaissance de la Chine…), alors que dix ans plus tôt, il avait appelé donc à son exécution !
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