A propos de l’exposition « Zombis, la mort n’est pas une fin ? »
Un naming d'exposition peut décevoir. Mais en même temps, si on s'intéresse, on découvre et on s'aperçoit qu'en plus d'un intérêt personnel, on peut trouver des idées et des exemples clés pour se distinguer dans des concours ou des examens (IEP, Ecoles de commerce, Ecole du Louvre, Formations créatives, Sciences Po...)
ECOLES D'INGÉNIEUR ET SCIENCES DITES DURES PHILOSOPHIERELATIONS INTERNATIONALES - GÉOPOLITIQUEIEPGÉOGRAPHIERELIGIONSHISTOIRE MODERNEIEP - CONCOURS COMMUN CULTURE GÉNÉRALE SOCIOLOGIEHISTOIRESCIENCES POECOLES DE COMMERCEQUESTIONS CONTEMPORAINES ENS
Franck Jacquet
4/6/20257 min lire


L’exposition
L’exposition, qui s’est arrêtée il y a quelques semaines au Quai Branly, était une grande déception de la rentrée. Elle était annoncée, attendue, revendiquée, encensée par bien des médias. Finalement, le parcours est décevant en bien des points…
Commençons par ce que ce qui a été agréable : la « trashitude » d’une section laisse pantois, capté, incrédule et peut-être inquiet à la fois… Il s’agit d’une salle, plutôt au centre du petit parcours, dans laquelle la monstration est centrée sur les malédictions liées à la filiation. Concrètement, des poupées de bébé peuvent être déposées avec du liquide amiotique ou un morceau de cordon ombilical sur une tombe ou près d’une porte pour engendrer le mal sur toute une filiation. L’intention est claire et l’usage d’un morceau de poupée ou tout simplement d’une poupée piquée et transpercée (moins exotique !) ne peut que marquer le profane.
Car en fait plutôt que d’une réelle exposition sur les morts-vivants en général, il s’agissait d’un focus sur la culture vaudou. La jouer franc-jeu aurait suscité moins de déception car le champ anthropologique de la présence des défunts parmi les vivants est bien plus large que la culture vaudou ou les quelques évocations contemporaines de la culture populaire que la fin de l’exposition laisse entrevoir par quelques affiches ou extraits (The Walking Dead est évidemment une tête d’affiche incontournable).
Ensuite, si on accepte qu’il s’agit surtout d’un focus sur le monde vaudou, on peut s’attarder à découvrir des personnages inquiétants, un peu lubriques et surtout déstabilisants dans la mesure où l’irruption de la violence, de la mort ou de la malédiction apparaît parfois sans préméditation évidente, sans que notre rationalité d’occidental ne cerne vraiment la portée d’un « panthéon » qu’on nous présente bien dans un premier temps comme hérité en partie de la chrétienté catholique très essentiellement (bien des dieux, des héros sont issus d’un syncrétisme avec des saints parfois totalement oubliés dans nos contrées), mais avec trop peu de rigueur pour qu’on saisisse bien des enjeux. Dès lors, Maman Brigitte, force divine incontournable, est oubliée pourtant rapidement (et sans mauvais esprit, Maman Brigitte qui se ressource dans les corps emplis de jeunesse…).
En réalité, le fait que les pièces présentées soient peu élaborées au final (là ne réside pas leur objectif) ne pose pas de difficulté, mais on aurait apprécié que cette culture matérielle et spirituelle autour de la co-présence des forces de mort et de vie dans la société nous soit exposée avec plus de cohérence (la carte des influences géographiques, de l’aire de développement du vaudouisme et la chronologie de ce courant pseudo-religieux ne sont présentés qu’à la quasi-fin des salles…). La volonté de faire primer les objets de culte et pour maudire est un parti-pris, mais que tout un chacun ne peut donc suivre.
Le catalogue
Le découpage thématique confus du parcours est largement compensé si on s’appuie sur le catalogue de l’exposition, extrêmement riche et par lequel des absences fondamentales de l’exposition sont compensées. On peut revenir sur un point resté en suspens, se voir expliquer des formes de créolisation que les cartels n’ont pas su suggérer pour saisir au moins partiellement le syncrétisme d’origine et les « bricolages » conceptuels et ad hoc qui caractérisent au fond cette culture certainement très fascinante pour nous car extrêmement irrationnelle et pulsionnelle.
Les illustrations, dont nombre de dessins très épurés, confèrent un apport esthétique supplémentaire à ce beau livre.
Pour élargir
On sera ici très synthétique, le moment laissant plus de place à un propos « utilitaire » ci-dessous :
Chez Miyazaki, et n’évoquons ici que Le voyage de Chihiro, c’est à une tout autre modalité et forme de « zombi » à laquelle on a affaire. La comparaison ne peut que nous permettre un certain recul entre des morts-vivants franchement inquiétants qui ont la capacité de tuer et surtout de priver une personne de son âme, et des ombres masquées, à la fois neutres et vigies…
Parmi les ouvrages d’ethnologie, d’histoire, d’anthropologie, finalement, le vaudou reste assez hermétique et on ne perçoit pas immédiatement de somme incontournable. Par contre, pour les intéressés, on conseillera le travail de recherche de François Mickenson, « Dieu, le vodou et les élites : l'Eglise catholique et l'Etat haïtien au XIXe siècle » mémoire de thèse qui sans doute fera l’objet d’une publication prochaine.
Mais tout manuel sur la créolisation en aire caraïbe pourra donner des clés d’explications majeures pour le curieux…
Enfin, et c’est bien parce qu’il est ici question de glanage sans but précis, revenons au romantisme noir, lequel place l’âme maudite, le cavalier de la nuit ou le cadavre au cœur d’intrigues qui ne peuvent que perdre le lecteur ou spectateur laissé sans repères mais avec bien des peurs tout aussi primaires que celles exprimées par le culte vaudou et la figure du zombi.
Et pour les concours et examens ?
Prenons quelques exemples ici :
Ecoles de commerce (Post-Bac, Bac+2…) : on ne s’éternise pas, ce n’est pas l’objet des écrits ou des oraux, mais un projet professionnel donnant une place à la thématique en question ne peut desservir s’il est bien construit. Quand on peut argumenter qu’aux belles heures de Fenti, un-tiers de la collection femme était travaillée autour des référents antillais où le vaudou tient une place réelle, mais qui doit être bien pesée pour ne pas susciter de rejet de la part de certains segments e clientèle, alors il est possible de se montrer sous un jour très positif en tant que concepteur de produit (développement), en tant que potentiel marketeur…Ce n’est là qu’un exemple évidemment où l’intérêt personnel rejoint le projet pédagogique et les débouchés de certaines écoles.
Conservateur du Patrimoine : une mention porte sur le monde « nouveau » et ses cultures matérielles après le XVe siècle. Maîtriser au minimum la culture vaudou, le sens de la créolisation et des pidgins ne peut être contourné dans la grande dissertation de l’écrit, voire dans le cadre de certains oraux… Omettre que « l’extrême-Occident » reflète plus que tout le couchant et que les mouvements migratoires ont forgé des croyances, des habitudes spatiales et des représentations dont le zombi est un cas majeur : ceci peut être difficile à surmonter.
Concours commun : l’un des thèmes de cette année est « les solidarités ». Elles sont ici paradoxales si on réfléchit au vaudou comme spiritualité. D’une part, le syncrétisme opéré entre pans de cultures européennes, africaines et amérindiennes génère des symboles qui peuvent être transverses entre colonisateurs et colonisés, dominants et dominés… On comprend bien alors que le lien spirituel et même pseudo-religieux, est à la fois horizontal (il crée du lien entre les individus partageant les mêmes croyances pour faire communauté) et vertical (la pratique doit lier la force extra-ordinaire avec le monde du vivant, le concret et le tangible). En même temps, césure il y a : dans bien des cas, la diffusion des formes de culte vaudou a lieu en dehors de la relation coloniale ou contre le propriétaire négrier ou esclavagiste, dont le corps (autre thème de l’année) est visé comme on l’a vu plus haut. La « zombification » est d’ailleurs un processus qui est issu d’une force externe à son propre corps, résultante d’une solidarité spirituelle opposée et qui le dépasse pour le brutaliser jusqu’à lui faire perdre le lien entre âme et corps (c’est là l’un des fondements de la modernité rationnelle et des Lumières de la vieille Europe). La mobilisation de l’exemple, de prime abord simple et localisée, permet donc d’interroger des aspects fondamentaux des constructions des sociétés contemporaines, ce qui est bien l’objectif de l’épreuve de QC !
Sciences Po. Paris : à l’oral de Sciences Po, lorsqu’il est question des choix de campus, trois peuvent permettre de mettre en avant une vie culturelle au sein de laquelle l’exposition peut être mentionnée : Amérique du Nord (Reims), Europe-Afrique (Paris), Amérique latine (Poitiers). Si le candidat est questionné sur ses intérêts culturels, ses pratiques régulières pour se renseigner sur la région, les cultures, les régimes de la zone considérée, l’exposition est plus que légitime. Il faut, ensuite, savoir argumenter, et éventuellement relier à un projet de formation pour plus e eux ans, en vue d’un débouché professionnel et donc d’un master. Que de choix et que de possibilités lorsque l’oral a été bien préparé !
Sciences Po. Bordeaux : n’oublions jamais la filière Caraïbe !
Concours de l’enseignement où l’histoire rurale / agricole demeure (histoire, géographie…) : rappelons-le brièvement mais clairement ; les cultures paysannes, par des jours précis ou lors des veillées, donnent traditionnellement une place au mort qui, parce qu’il a légué un bien, un objet, un savoir-faire, une alliance matrimoniale, est rappelé et conserve une présence certaine. Il s’agit ici de mettre en avant tantôt la persistance de croyances préchrétiennes (Carlo Ginzburg) face au rouleau compresseur de l’Inquisition ou des organes de socialisation urbains, tantôt de mettre en avant des pratiques de sorcelleries en lien avec des territoires construits pour ce faire… Bref, là encore, le vaudouisme, à moins qu’il s’agisse d’étudier les Caraïbes ou les Etats-Unis, n’est pas présent à proprement parler. Mais l’interpénétration entre Mais l’interpénétration entre monde des vivants et monde des morts n’est pas anodine et révèle des cultures matérielles essentielles, comme des régimes d’historicité et des permanences expliquant bien des phénomènes socio-spatiaux.
Et tous les cursus où le créatif est essentiel et où l’intérêt pour la présence de la mort parmi les vivants serait un moteur d’expression artistique : les études où la programmation vidéo, où il s’agit de scénariser pour le cinéma ou la télévision (voire d‘autres modes d’expression) et de jeux vidéos donnent une place à la scénarisation, l’esthétique… il est évident qu’en ce milieu des années 2020, le zombi est un catalyseur de bien des peurs socio-économiques, des questionnements soulevés par la période récente de pandémie et qui étaient jusque là sous-jacents.
ISD - Paris
Institut Saint Dominique
Siège permanent : Paris XVII
www.isd-france.eu
Mail - Courriel : Isdaccueil@gmail.com
Téléphone : (+033) - 06.85.02.47.97
Autres campus :
ISD - Alpes (été / hiver)
ISD - Bourges
Suivez-nous sur :
L'ISD, bien plus qu'une Prépa !
ISD © 2024-2025 - Site hébergé par Hostinger.com
(Voir les mentions légales dans nos CGV - CGU)


Satisfaction (année 2024) :
Satisfaction certifiée auprès des répondants (inscrits élèves, étudiants, auditeurs libres)
4,3 / 5